du 22 mars au 21 octobre 2021
Bande annonce
Stigmatiser
Citadelle montagneuse entre mer Noire et mer Caspienne, sur la route des invasions et du commerce entre l’Asie et l’Europe, l’Arménie a servi de champ de bataille pour les empires qui s’en sont disputé la possession depuis l’Antiquité. Après la chute de son dernier État souverain au XIVe siècle, elle est partagée entre la Perse, l’Empire ottoman, puis la Russie au XIXe siècle.
Au sein de l’Empire ottoman, la population arménienne, majoritairement rurale, soumise aux discriminations liées au statut des chrétiens en terre d’Islam, subit en outre les exactions des tribus féodales kurdes. Tout au long du XIXe siècle, sa situation se dégrade avec l’évolution du pouvoir vers un nationalisme de plus en plus agressif à l’encontre de ses minorités, au fil des pertes territoriales de l’Empire.
Détruire
L’Empire ottoman entre dans la Première Guerre mondiale en novembre 1914, aux côtés des Puissances centrales contre l’Entente. Vivant de part et d’autre du front russo-turc au Caucase, les Arméniens sont mobilisés dans les armées de leur empire respectif dans deux camps ennemis.
En janvier 1915, l’échec de l’offensive ottomane nécessite de trouver des boucs émissaires. La présence de petits groupes de volontaires arméniens, même s’ils ne sont pas tous sujets ottomans, aux côtés des forces russes donne un prétexte pour accuser les Arméniens de trahison et mettre en œuvre le plan de leur élimination totale. D’autant que la guerre empêche toute intervention extérieure.
Exclure
À l’issue de la Première Guerre mondiale, sur les 2 à 2,5 millions d’Arméniens que comptait l’Empire ottoman en 1914, les deux tiers – soit 1,2 à 1,5 million – ont péri.
Dans la nouvelle République de Turquie née en 1923 sur les ruines de l’Empire ottoman, il ne reste plus que 65 000 Arméniens en 1927. Ceux qui partent perdent leur citoyenneté et sont «interdits de retour».
Lorsqu’en 1944, le juriste américain Raphael Lemkin invente le mot et le concept de «génocide» pour définir le sort subi par les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’appuie aussi sur le cas de l’extermination des Arméniens.
Aujourd’hui, l’État turc continue de nier ce premier génocide du XXe siècle. Comme plusieurs autres pays, la France l’a reconnu officiellement (loi du 29 janvier 2001).